Prix Femina 2019
– Dominique Barbéris, Un dimanche à Ville d’Avray (Arléa)
– Michael Ferrier, Scrabble (Mercure de France)
– Claudie Hunzinger, Les grands cerfs (Grasset)
– Victor Jestin, La chaleur (Flammarion)
– Luc Lang, La tentation (Stock)
– Victoria Mas, Le bal des folles (Albin Michel)
– Sylvain Prudhomme, Par les routes (Gallimard)
– Alexis Ragougneau, Opus 77 (Viviane Hamy)
– Monica Sabolo, Eden (Gallimard)
– Karine Tuil, Les choses humaines (Gallimard) –
1ère selection (11 septembre 2019)
Nathacha Appanah. Le ciel par-dessus le toit (Gallimard) – 128 p. – 14 €
« La jeune femme tatouée fait elle-même tout le travail. Le temps, la médecine et le progrès n’existent pas, elle pourrait être dans une cave, sur une plage déserte, elle pourrait être la toute première femme au monde, qu’importe, elle se cambre, s’accroupit, pousse, respire et tout son corps est animé de contractions qui font comme des vaguelettes sous la surface de sa peau. Elle devient une mer travaillée de l’intérieur et derrière elle, à côté d’elle, le docteur Michel ne fait que regarder et asseoir son impuissance. Il est fasciné par ce retour d’instinct, il est aimanté par le dragon qui semble se réveiller, écaille verte après écaille verte, flammèche rouge après flammèche rouge. Bientôt, pense-t-il moitié émerveillé, moitié effrayé, cette jeune femme au visage si parfait ne va faire qu’un avec le dragon et oui bientôt, elle crie comme l’autre crache des flammes au croissant de son épaule droite, elle se redresse et de ses deux mains, elle attrape le petit garçon qui glisse hors d’elle. » Loup est un adolescent lunaire, emprisonné pour avoir provoqué un accident de voiture en tentant de rejoindre sa soeur Paloma. Leur mère Phénix, la femme tatouée, magnifique et froide, renoue alors avec cette fille transparente qu’elle n’a pas su aimer. Tandis qu’elles tentent de sortir Loup de prison, des souvenirs douloureux de l’enfance volée de Phénix affluent : La trajectoire d’une mini Lolita livrée par ses parents à la convoitise des adultes dévoile la violence sournoise nichée au coeur d’un quartier pavillonnaire, les faux-semblants des tragédies ordinaires. Après avoir arraché à coup de dents sa place au monde, Phénix devra apprendre à apprivoiser la colère, la solitude, la culpabilité. Comme dans le poème de Verlaine auquel le titre fait référence, ce roman griffé d’éclats de noirceur nous transporte par la grâce d’une écriture envoûtante vers une lumière tombée d’un ciel si bleu, si calme, vers cette éternelle douceur qui lie une famille au-delà des drames.
Patrick Autréaux, Quand la parole attend la nuit (Verdier) – 176 p. 15 €
Dans cet entre-temps qui sépare la chute du mur de Berlin et celle des Twin Towers, il y eut une époque, bouclant le siècle dernier, qui aura semblé à beaucoup en suspens. Solal fait alors ses études de médecine. Mais sa jeunesse est inquiète. Témoin de parents qui se déchirent, il connaît lui aussi les joies et désillusions du premier amour. Devenu interne aux urgences psychiatriques, il apprend au fil des nuits de garde à écouter, à ne plus avoir peur, à accepter parfois son impuissance. Roman d’apprentissage, d’initiation amoureuse, Quand la parole attend la nuit éclaire les méandres de ce labyrinthe où l’on prend conscience que l’on est bien plus que soi. Depuis longtemps, je voulais éclairer le versant intime que peuvent être des études de médecine, et surtout la pratique des urgences, quand les frontières sont bousculées et que l’on prend conscience de ce que signifie être humain. En esquissant ce mandala de la nuit, j’ai écrit un roman sur l’amour. Pour écrire il faut être un peu myope. Sinon on manque sa cible. Un livre est cet autre monde qu’on découvre sans l’avoir cherché. P.A.
Dominique Barbéris, Un dimanche à Ville-d’Avray (Arléa)- 128 p. – 17 €
Le titre, Un dimanche à Ville-d’Avray, est un lointain écho du film féérique – et mystérieusement inquiétant -, sorti en 1962, qui a marqué, tel un météore, le cinéma français. Même sentiment d’inquiétude dans le livre de Dominique Barbéris : deux soeurs se retrouvent, alors que fléchit la lumière, dans un pavillon de Ville-d’Avray, avec chacune dans le coeur les rêves et les terreurs de l’enfance, le besoin insatiable de romanesque, de landes sauvages dignes de Jane Eyre et d’un amour fou, tout cela enfoui dans le secret d’une vie sage. L’une se confie à l’autre. Lui raconte une invraisemblable rencontre dans le décor en apparence paisible de Ville-d’Avray, de ses rues provinciales. L’autre découvre, stupéfaite, son errance entre les bois de Fausse-Repose, les étangs de Corot, les gares de banlieue et les dangers frôlés… Ce sont des pages à la Simenon. Les grands fonds de l’âme humaine sont troubles comme les eaux des étangs.
Bernard Chambaz, Un autre Eden (Seuil) – 352 p. – 19,50 €
Un autre Eden nous emporte sur les traces d’un type génial et malgré tout méconnu, Jack London, accompagné de notre fils Martin car tous les deux sont nés un jour de janvier 76. On y découvre des femmes magnifiques, une robe en feuilles de cocotier, des aventures hors du commun, une machine à best-sellers, la permanence d’une pauvreté qui devrait nous être insupportable, un vélo, des grandes poudreries et les mers vertes du Sud, le poids du chagrin, une joie supérieure, des contradictions en tout genre, l’Enfer et l’Éden, les illusions et les désillusions du socialisme, des eucalyptus et des phoques, des invités surprises, le tumulte des relations entre parents et enfants, des vies, des capricornes, l’impératif « Je me souviens », la route, le bord de la route, un vieux chien avec des yeux mouillés, notre incurable légèreté. « Aux morts pour qu’ils vivent. Aux vivants pour qu’ils aiment ». Voici deux bonnes raisons d’écrire un roman. B. C.
Isabelle Desesquelles, UnPur (Belfond)- 224 p. 18 €
Garder ce qui disparaît, c’est l’oeuvre d’une vie. C’est notre enfance. Benjaminquejetaime et Julienquejetaime, c’est ainsi que leur mère les appelle. Tous les trois forment une famille tournesol aux visages orientés vers le bonheur. Le destin en décide autrement quand un inconnu pose les yeux sur les jumeaux, se demandant lequel il va choisir. Quarante ans plus tard s’ouvre le procès du ravisseur, il n’est pas sur le banc des accusés, et c’est sa victime que l’on juge. Quand l’enfance nous est arrachée, quel humain cela fait-il de nous ? De l’Italie – Bari et Venise – au Yucatán et ses rites maya ancestraux se déploie ici l’histoire d’un être dont on ne saura jusqu’au bout s’il a commis l’impardonnable. À sa manière frontale et poétique, Isabelle Desesquelles joue avec la frontière mouvante entre la fiction et le réel, et éclaire l’indicible. Roman de l’inavouable, UnPur bouscule, envoûte et tire le fil de ce que l’on redoute le plus.
Michael Ferrier, Scrabble (Mercure de France) – 224 p. – 21 €
En retraçant son enfance passée au Tchad, Michaël Ferrier nous offre un bouleversant autoportrait. Le livre s’ouvre à N’Djamena (Fort Lamy pendant la colonisation), en février 1979, entre la savane et la steppe. Les enfants jouent au Scrabble sur la terrasse de leur maison. Ce jeu des lettres qui s’associent dans des agencements infinis restera pour Michaël Ferrier une manière de se protéger de la violence du monde et sera la source de son lien puissant à la littérature. Dehors la guerre approche, mais ils ne le savent pas encore. Le père est militaire, il a la peau sombre. La mère, douce et attentive, a un teint de lys. L’enfant de dix ans découvre les paysages d’Afrique, le vent, la lumière, les insectes, la faune. Sa langue, pour décrire cette découverte du monde, devient un chant. L’Afrique est là, palpitante dans sa beauté et sa crudité. Puis, c’est la guerre. Les hommes et femmes Peuls Bororo fuient sur les pistes. Les armes se déchaînent. L’enfant est témoin de tout, découvre le sang et les cadavres, jusqu’au corps de son ami Youssouf, blessé à terre… Dès le lendemain les parents décident de quitter l’Afrique : cette guerre sera le dernier motif de l’initiation de Michaël Ferrier, qui signe là un livre majeur.
Claudie Hunzinger, Les grands cerfs (Grasset)- 192 p. 17 €
Pamina, habite en montagne avec son compagnon Nils. Elle se sait entourée par un clan de cerfs qui lui sont restés invisibles et mystérieux jusqu’à ce que Léo, un photographe animalier, construise dans les parages une cabane d’affût et qu’il lui propose de guetter avec lui. Tandis qu’elle observe et s’initie à la vie du clan, affrontant la neige, le givre, la grêle, avec pour équipement un filet de camouflage, une paire de jumelles et des carnets, elle raconte sa peur de la nuit, les futaies sous la lune, la magie de l’inconnu, le plaisir infini à guetter, incognito, l’apparition des cerfs, à les observer, à les distinguer et à les nommer : Apollon, Géronimo, Merlin… Mais au cours de ces séances de guet, elle va découvrir un monde plus cruel que celui du règne animal, celui des hommes, car un massacre se fomente… Un roman qui se lit comme un thriller, plein de poésie, de chagrin et de colère, sur la disparition de la beauté dans la nature et les ravages que l’homme y opère.
Victor Jestin, La Chaleur (Flammarion) – 144 p. – 15 €
«Oscar est mort parce que je l’ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d’une balançoire.» Ainsi commence ce court et intense roman qui nous raconte la dernière journée que passe Léonard, 17 ans, dans un camping des Landes écrasé de soleil. Cet acte irréparable, il ne se l’explique pas lui-même. Rester immobile, est-ce pareil que tuer?? Dans la panique, il enterre le corps sur la plage. Et c’est le lendemain, alors qu’il s’attend chaque instant à être découvert, qu’il rencontre une fille. Ce roman est l’histoire d’un adolescent étranger au monde qui l’entoure, un adolescent qui ne sait pas jouer le jeu, celui de la séduction, de la fête, des vacances, et qui s’oppose, passivement mais de toutes ses forces, à cette injonction au bonheur que déversent les haut-parleurs du camping.
Alexandre Labruffe, Chroniques d’une station-service (Verticales) – 138 p. – 15 €
Chroniques d’une station-service donne la parole à un pompiste, un certain Beauvoire, dont le patronyme aux résonnances littéraires ne change a priori rien à sa fonction routinière : gérer via les écrans de contrôle les allées et venues des automobilistes, tenir la caisse ou le bar. Sa station-service, située à Pantin en banlieue limitrophe de Paris, pourrait devenir l’épicentre d’un drame social ou d’un braquage avec force adrénaline, mais l’auteur a préféré en faire le poste d’observation idéal du contemporain à travers les yeux d’un être moins quelconque qu’il n’y paraît. D’un tempérament contemplatif, l’employé-narrateur scrute et commente l’apparente inertie du quotidien (« non-agir » et « non-être »). En « vigie sociétale », il traque jour après nuit des bribes de transcendance ou de poésie involontaire dans les discours et les attitudes des clients, tel un « zombie mélancolique » épiant depuis sa « capsule » un univers qui lui serait étranger. De cette position, il tire une réflexion sur l’espace périurbain avec drôlerie et gravité : l’essence comme drogue en déclin d’une société postmoderne (« un monde totalement junkie dont je serais le principal dealer »). D’où les références amusées, voire détournées, du pompistephilosophe aux écrits de Jean Baudrillard ou à une biographie de Scott Fitzgerald, ainsi que les débats érudits avec son pote Nietzland durant leurs interminables parties de dames. Sublimant l’art du bref en authentique roman, Alexandre Labruffe nous entraîne dans un dédale fictionnel, une multiplicité d’intrigues minimalistes, où se débat la conscience d’un individu à la fois hors du temps et extra-lucide sur son époque. Tendre et caustique, Chroniques d’une station-service est une tentative d’épuisement d’un non-lieu exemplaire, sinon d’une société en manque – d’essence, de sens. Par petites touches impressionnistes, l’auteur explore le terrain de l’infra-ordinaire, du fiasco, de l’acte manqué, pour en extraire les matières premières d’une imagination déjantée.
Luc Lang, La tentation (Stock) – 360 p. – 20 €
C’est l’histoire d’un monde qui bascule. Le vieux monde qui s’embrase, le nouveau qui surgit. Toujours la même histoire… et pourtant. François, chirurgien, la cinquantaine, aime chasser. Il aime la traque, et même s’il ne se l’avoue pas, le pouvoir de tuer. Au moment où il va abattre un cerf magnifique, il hésite et le blesse. À l’instant où il devrait l’achever, il le hisse sur son pick-up, le répare, le sauve. Quel sentiment de toute-puissance venu du fond des âges l’envahit ? Quand la porte du relais de chasse en montagne s’ouvre sur ses enfants, que peut-il leur transmettre ? Une passion, des biens, mais en veulent-ils seulement ? Son fils, banquier, a l’avidité du fauve. Sa fille, amoureuse éperdue, n’est plus qu’une bête traquée. Ce sont désormais des adultes à l’instinct assassin. Qui va trahir qui ? Luc Lang a écrit ici son histoire familiale de la violence. Son héros croit encore à la pureté. Cet ample roman nous raconte superbement sa chute et sa rédemption.
Victoria Mas, Le bal des folles (Albin Michel) – 256 p. – 18,90 €
Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles – d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques – ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.
Anne Pauly, Avant que j’oublie (Verdier) – 144 p. – 14 €
Il y a d’un côté le colosse unijambiste et alcoo- lique, et tout ce qui va avec : violence conju- gale, comportement irrationnel, tragi-comédie du quotidien, un « gros déglingo », dit sa fille, un vrai punk avant l’heure. Il y a de l’autre le lecteur autodidacte de spiritualité orientale, à la sensibilité artistique empêchée, déposant chaque soir un tendre baiser sur le portrait pixellisé de feue son épouse ; mon père, dit sa fille, qu’elle seule semble voir sous les appa- rences du premier. Il y a enfin une maison, à Carrières-sous-Poissy et un monde ancienne- ment rural et ouvrier. De cette maison, il va bien falloir faire quelque chose à la mort de ce père Janus, colosse fragile à double face. Capharnaüm invraisemblable, caverne d’Ali-Baba, la maison délabrée devient un réseau infini de signes et de souvenirs pour sa fille qui décide de trier méthodiquement ses affaires. Que disent d’un père ces recueils de haïkus, auxquels des feuilles d’érable ou de papier hygiénique font office de marque-page ? Même elle, sa fille, la narratrice, peine à déceler une cohérence dans ce chaos. Et puis, un jour, comme venue du passé, et parlant d’outre- tombe, une lettre arrive, qui dit toute la vérité sur ce père aimé auquel, malgré la distance sociale, sa fille ressemble tant.
Sylvain Prudhomme, Par les routes (Gallimard) – 304 p. – 19 €
J’ai retrouvé l’autostoppeur dans une petite ville du sud de la France, après des années sans penser à lui. Je l’ai retrouvé amoureux, installé, devenu père. Je me suis rappelé tout ce qui m’avait décidé, autrefois, à lui demander de sortir de ma vie. J’ai frappé à sa porte. J’ai rencontré Marie.
Alexis Ragougneau, Opus 77 (Viviane Hamy) – 242 p. 19 €
« Un jour, dans mille ans, un archéologue explorera ton refuge. Il comprendra que l’ouvrage militaire a été´ recyclé en ermitage. Et s’il lui vient l’idée de gratter sous la peinture ou la chaux, il exhumera des fresques colorées intitulées La Vie de David Claessens en sept tableaux. Je les connais par coeur, ils sont gravés à tout jamais dans ma médiocre mémoire, je peux vous les décrire, si vous voulez faire travailler votre imaginaire : L’enfant prodige choisit sa voie. Il suscite espoirs et ambitions. Le fils trébuche, s’éloigne, ressasse. Dans son exil, l’enfant devient un homme. Le fils prodigue, tentant de regagner son foyer, s’égare. Blessé, il dépérit dans sa prison de béton. Mais à la différence des tapisseries de New York, ton histoire est en cours ; il nous reste quelques tableaux à écrire, toi et moi, et je ne désespère pas de te faire sortir un jour du bunker. La clé de ton enclos, de ta cellule 77, c’est moi qui l’ai, David. Moi, Ariane, ta soeur. »
Monica Sabolo, Eden (Gallimard) – 274 p. – 19,50 €
Dans une région reculée, à la lisière d’une forêt menacée de destruction, vit Nita, qui rêve de fuir ce lieu sans avenir. A quinze ans, elle a cessé de croire en la beauté de la forêt, sa puissance, ses esprits, depuis que son père y a disparu de manière inexpliquée. Lorsqu’une jeune fille venue de la ville, Lucy, s’installe en face de chez elle, elle réveille chez Nita la conscience d’un monde invisible. Secrète et solitaire, aimantant les garçons du lycée sans s’en apercevoir, Lucy s’aventure souvent dans les bois, où elle observe la trace d’étranges rituels : là-bas, il se passe des choses… Quelques mois plus tard, elle est retrouvée endormie au pied d’un arbre, nue et couverte de blessures. Ce qui lui est arrivé, nul ne le sait. En relatant l’année qui a précédé ce drame, Nita tente de percer les mystères d’une période marquée, pour les deux adolescentes, par la découverte du désir et de la violence des hommes, la transgression, mais aussi l’irruption de l’occulte et du sauvage. Une année qui aura changé leurs vies à jamais. L’innocence, la faute et le châtiment sont au coeur de ce roman envoûtant, dont la forêt, lieu de danger et de fascination, est un personnage à part entière. Eden, ou le miroir du paradis perdu, interroge aussi notre lien aux origines et à la mémoire dans un monde au bord de l’extinction. Alliant prose poétique envoûtante et suspense implacable, Monica Sabolo signe ici son livre le plus ambitieux et le plus romanesque.
Karine Tuil, Les choses humaines (Gallimard) – 342 p. – 21€
Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique français ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Ensemble, ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine. Tout semble leur réussir. Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale. Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au coeur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs. Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ?